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27/11/2012
Farm Effect : le multiplayer de Mass Effect 3
Ecrire à propos de Mass Effect 3, ça a un peu été un passage obligé pour tout blogueur, critique ou "journaliste" spécialisé en jeux vidéo cette année. La faute à une fin indigente ayant déchaîné une vague de nerd rage sans précédent. Rassurez-vous, je ne vais pas à mon tour vous parler de ce petit morveux de Starchild ou de Deux ex machina à deux balles. Non, si je viens vers vous aujourd'hui (mes frères), c'est pour discuter du mode multijoueur de ME3.
Même si communiquer est difficile,
il va falloir couvrir les arrières
des autres joueurs.
Un multi dont le succès a probablement dépassé les espérances les plus folles de ses géniteurs. Huit mois après le lancement du jeu, le forum officiel du mode est l'un des plus actif du BSN (le "social network" un peu bidon estampillé Bioware), des vidéosfleurissentsur le net, des fans theorycraftent comme des gros cochons, tandis que les DLC (gratuits) s'enchaînent assez régulièrement. Pourtant, le pari n'était pas gagné : netcode merdique, boutique dans laquelle on peut débloquer des armes et items avec du vrai pognon gagné à la sueur de notre front, mode horde vu et revu, bugs à foison, équilibrage parfois à la ramasse... La recette aurait de quoi faire hausser les sourcils à tout être normalement constitué. Malheureusement pour lui, l'être normalement constitué ne fait pas partie du public visé : le multi s'adresse avant tout aux fanboys les plus irréductibles, à ceux qui n'ont pas eu leur dose de Mass Effect, à ceux qui rêvent de jouer un Krogan ou un Salarian depuis qu'ils ont croisé Wrex et Kirrahe dans le premier épisode de la trilogie, à ceux qui veulent défoncer du Collector ou du Reaper à la chaîne.
Mais commençons par les bases : le multijoueur de ME3 propose à un groupe de quatre pelés de coopérer pour repousser une attaque sur une carte fermée. Une fois la partie terminée, le joueur retourne à son QG, où il peut utiliser l'expérience amassée pour faire progresser un de ses archétypes de classe jusqu'au niveau 20 (on retrouve les six archétypes de Mass Effect : Soldier, Engineer, Biotic, Sentinel, Infiltrator, Vanguard) et dépenser son argent pour acheter des "packs" contenant un certain nombre d'objets aléatoires. Sachant qu'à l'heure actuelle, il y a des centaines de trucs à débloquer : des flingues, des mods pour les armes, des équipements, des classes et races de personnages. C'est bien simple, j'ai joué environ 160 heures depuis la sortie de Mass Effect 3, et je suis loin d'avoir tous les gadgets disponibles (sans jamais dépenser un euro, dieu merci).
La formule est classique, je l'admets. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Mais ce serait oublier ce qui fait la force de ce multi : vivre le conflit quasi-perdu d'avance des races qui se dressent contre les Reapers. Et de facto, les parties ont un petit côté épique pas déplaisant, surtout dans les niveaux de difficulté supérieurs, qui mettent les quatre joueurs au prise avec des centaines d'ennemis hurlant et/ou baragouinant. Le tout dans des lieux mythiques de l'univers de Mass Effect : Thessia, Sur'Kesh, Tuchanka, Menae mais aussi la Terre. Voir un Geth filer un coup de main à un Quarien en difficulté, un Turien couvrir un Krogan qui charge tête baissée et avec un rire sadique vers un paquet de soldats de Cerberus, c'est le genre de scène qui manquait cruellement à Mass Effect 3, où les alliés rassemblés se contentaient de faire augmenter un score complètement abstrait ou, dans le meilleurs des cas, d'apparaître trois secondes dans une cinématique.
L'extraction est souvent le moment
le plus épique de la partie.
Une partie typique se déroule en onze vagues à la difficulté croissante. Une vague se termine lorsque tous les adversaires ont mordu la poussière. Les vagues trois, six et dix diffèrent, en cela qu'elles nécessitent l'accomplissement d'un ou plusieurs objectifs aléatoires : escorter un drone, hacker un ordinateur, éliminer plusieurs ennemis particuliers... Le but étant de forcer les joueurs à se déplacer et à ne pas camper dans un coin de la carte comme de vulgaires amateurs de FPS. Enfin, la onzième vague - l'extraction - les obligera à rejoindre un coin de la carte et à résister pendant deux minutes jusqu'à l'arrivée des secours. Un grand moment de bravoure qui se termine généralement en fiasco pour les débutants. Le tout bénéficie d'un enrobage pêchu : quatre niveaux de difficulté, quatre factions à affronter (les Geths, les Reapers, Cerberus et les Collectors) treize cartes et une cinquantaine de classes différentes. Et si l'essentiel du contenu disponible à la sortie se contentait de recycler des morceaux du solo, les choses ont bien changé, puisque Bioware a sorti de nombreuses exclusivités pour le multi : flingues, unités ennemis, pouvoirs, cartes...
Tout ceci serait parfait - encore une fois, à condition d'être dans le trip Mass Effect - si le multi ne donnait pas parfois l'impression d'avoir été codé par une bande de macaques sous LSD. Pour peu que le créateur de la partie ait une connexion du tiers-monde, c'est la débandade : tirs ennemis qui passent à travers les murs, pouvoirs qui ne se déclenchent pas ou ne touchent pas leur cible, déconnexions, persos coincés dans un mur... Et je ne parle pas des chargements dans les menus qui prennent parfois une dizaine de secondes, ou de l'impossibilité de communiquer sans micro (?!)... Alors oui, des fois, j'ai envie de m'arracher les cheveux en jouant à Mass Effect 3 en multijoueur. Des fois, je me rappelle à quel point il est ahurissant qu'il n'existe pas de chat non-vocal, y compris dans le lobby. Des fois, je me prends à maudire Bioware, qui sort de nouveaux items à débloquer pour se faire du pognon sur le dos des gogos. Mais il faut bien admettre que la plupart du temps, je m'amuse plutôt pas mal, sans me prendre la tête, sans devoir échanger quelques insultes avec un néo-nazi russe et sans me sentir obligé de farmer des heures et des heures pour avancer. Et c'est déjà pas mal.
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